Blended Learning : comment le LMS s’adapte (enfin) à la réalité du terrain pour mieux engager les apprenants ?
On a
longtemps cru que digitaliser suffisait. Spoiler : non. Présentiel, IA, classes
virtuelles, marketing… le LMS se réinvente enfin pour coller à la réalité du
terrain.
Car
pendant longtemps, les LMS ont été conçus avant tout pour le e-learning :
diffuser des contenus, tracer des connexions, mesurer des complétions. Le
terrain, lui, a évolué plus vite.
Le retour du présentiel : un
signal faible devenu tendance forte
On
a cru un temps que la visio remplacerait durablement la formation en salle. Les
faits racontent une autre histoire. Dans une enquête menée par notre maison
mère Hemsley Fraser auprès de 373 professionnels de la formation, le présentiel
reste la modalité préférée des apprenants. En 2025, il a repris
clairement du terrain.
Ce
retour s’explique en partie par un besoin profondément humain. Apprendre, ce
n’est pas seulement consommer des contenus : c’est observer, interagir, ajuster
sa posture, capter du non-verbal. Les compétences humaines – communication,
leadership, intelligence émotionnelle – se développent difficilement dans des
dispositifs où la caméra est éteinte et l’échange minimal.
Ce
n’est pas un hasard si 75 % des responsables L&D déclarent vouloir investir
davantage dans le développement des soft skills pour améliorer la performance
de leur organisation. Le présentiel répond ici à un besoin qui dépasse la
formation : celui de se reconnecter aux autres et au réel.
Un défi majeur pour les LMS :
orchestrer sans fragmenter
Le
véritable enjeu n’est pourtant pas le retour du présentiel en soi, mais sa
gestion. Trop d’organisations continuent de piloter le présentiel dans un
outil, le e-learning dans un autre, le coaching ailleurs encore. Résultat : des
parcours fragmentés, une logistique lourde et une expérience apprenant
incohérente.
Les
plateformes LMS doivent aujourd’hui relever plusieurs défis concrets :
planification des sessions, inscriptions, émargements, reporting unifié,
continuité de l’expérience avant et après la salle. Autrement dit, ne plus
juxtaposer des modalités, mais les orchestrer.
C’est
dans cette logique que se développent des fonctionnalités de gestion
administrative avancée du présentiel et que l’intégration des classes
virtuelles devient incontournable. Interfacer le LMS avec des outils de classe
virtuelle permet d’éviter la double saisie, de fiabiliser le suivi et de
fluidifier l’expérience, côté apprenant comme côté administrateur.
IA et coaching : précision
technologique, sens humain
L’intelligence
artificielle s’impose aujourd’hui comme un levier structurant du blended
learning, à condition d’éviter ses dérives. L’« AI slop » – contenus creux,
générés en masse, sans intention pédagogique – a montré ses limites. Ce qui
engage durablement, ce n’est pas le volume, mais la justesse.
Bien
utilisée, l’IA permet au contraire d’atteindre un niveau de personnalisation impossible à gérer manuellement à grande échelle. Assistant
d’administration disponible 24/7, recherche intelligente dans les contenus, IA
conversationnelle capable de tester la compréhension et de renforcer
l’apprentissage : l’IA agit comme un coach virtuel, adaptatif et contextuel.
Elle
ouvre aussi la voie à des parcours réellement individualisés, fondés sur
l’historique de formation, les objectifs professionnels, les performances ou
les centres d’intérêt. Pour autant, elle ne remplace pas l’humain. Les coachs
et formateurs restent irremplaçables pour la motivation profonde, la relation
et le sens. Le meilleur modèle reste celui de la complémentarité : l’IA pour la
précision et la data, l’humain pour l’engagement et la transformation.
Engagement et performance :
sortir des vanity metrics
Engager
les apprenants et orchestrer une montée en compétences réellement
opérationnelle restent les deux préoccupations majeures des directions
formation. Dans un contexte où les métiers évoluent rapidement, les
organisations ne veulent plus simplement « cocher la case formation ». Elles
attendent un impact mesurable sur la performance.
Cela
suppose de dépasser les vanity metrics – taux de complétion, scores aux quiz –
pour se concentrer sur des KPI business : vitesse de montée en compétence,
capacité à faire face à l’imprévu, évolution des pratiques sur le terrain.
Comme le souligne Josh Bersin, l’enjeu n’est plus l’offre de formation, mais
la capacité à injecter du sens au bon moment, dans le flux de travail.
Le
LMS devient alors une pièce du puzzle, au service d’un écosystème plus large :
SIRH, CRM, outils métiers, solutions de digital learning tierces. L’expérience
d’apprentissage se joue dans l’intégration, la personnalisation et la
continuité.
Marketing de la formation :
activer, engager, fidéliser
Enfin,
un dispositif de formation, aussi pertinent soit-il, n’engage pas s’il n’est
pas activé. Le marketing de la formation consiste à comprendre les besoins des
apprenants pour créer et promouvoir des parcours auxquels ils adhèrent.
Avant
le lancement, il s’agit de susciter l’intérêt par du
teasing ciblé. Pendant, d’animer la dynamique :
implication des managers, gamification, social learning, visibilité des
progrès. Après, de valoriser l’effort, de fidéliser et de créer des communautés d’ambassadeurs.
Le
fil conducteur reste le pilotage par les indicateurs, avant, pendant et après.
Soigner le design, raconter une histoire, donner envie : l’engagement passe
autant par le fond que par la forme.
Le Blended Learning comme orchestration
Le
blended learning n’est pas un compromis entre présentiel et digital. C’est une
orchestration. Une mise en mouvement des compétences, au rythme des
organisations et des apprenants. Dans ce concert, le LMS n’est plus un simple
outil de diffusion : il devient le Chorus qui aligne
modalités, technologies et humains pour créer des expériences d’apprentissage
réellement transformatrices.