Workslop Learning : la fast-fashion de la formation
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Ce phénomène s’accentue avec l’émergence du AI Led Training (AI-LT), en opposition au Instructor Led Training (ILT). Dans le premier, c’est la machine qui guide, structure et diffuse la formation ; dans le second, c’est l’humain qui incarne la transmission. L’AI-LT promet la scalabilité, des modules « prêt-à-apprendre » avènement d’un « Fast-Learning » dans la lignée de la Fast-fashion » qui plait tant à certain et rebute nombre d’autres. Cette recherche permanente de l’économie de temps et d’argent se fait souvent au prix de la pertinence et de l'environnement : le modèle ignore la complexité des contextes, des émotions et des motivations, en 1 mot de l’humain.
Le risque est clair après plusieurs mois d’expérimentations à grand échelle : une formation industrialisée, déconnectée du réel.
Pour éviter que le digital learning ne devienne une chaîne d’assemblage automatisée et déshumanisée, il faut replacer la pédagogie au centre du jeu.
Trois leviers s’imposent :
- Analyser les besoins des
apprenants
: identifier les écarts de compétences, la psychologie de la cible
apprenante, les freins, les motivations… avant de concevoir. L’IA ne peut
déduire seule ces nuances humaines.
- S’appuyer sur les
experts métiers
: ils garantissent la justesse du contenu et la contextualisation des
savoirs. L’IA peut les assister, pas les remplacer.
- Adopter une démarche
“skills-based”
: concevoir à partir des compétences à acquérir, pas seulement des
connaissances à transmettre. Cela redonne du sens et de la direction aux
productions pédagogiques.
Enfin, il faut oser poser la question : le digital est-il toujours la meilleure réponse ? Certaines compétences, notamment relationnelles ou comportementales, exigent l’interaction humaine, la co-présence, le dialogue. L’avenir du learning n’est pas « tout IA », « tout digital » ou « tout humain », mais un équilibre intelligent entre les modalités, où la technologie soutient la pédagogie sans jamais l’éclipser.
Alors oui, l’IA générative a bouleversé la production de modules e-learning comme l’e-learning avait bouleversé en son temps les formations présentielles. Tous deux sont pourtant encore bien là aujourd’hui, grâce à l’exigence des pédagogues qui ont compris les avantages et limites de chacune des modalités. Adoptons à notre tour cette exigence face à la tentation de la facilité.
Le workslop learning n’est pas une fatalité.
C’est un signal d’alarme : pour que la formation reste un levier de développement.
La créativité, la réflexion et la dimension humaine doivent garder la main et garantir l’exigence qui s’impose à nous en matière de politique de formation.